Le métier de
négociant
C’est quoi
un négociant
dans le Bordelais ?
C’est le cœur battant du vin.
La « Place de Bordeaux », ça vous parle ?
C’est tout simplement le nom donné à l’ensemble de ce poumon économique et financier très particulier et essentiel au fonctionnement du bordelais.
Imaginez Bordeaux au XIᵉ siècle, quand les bateaux chargés de vin voguaient vers l’Angleterre… C’est là que tout a commencé : les négociants achetaient le vin en vrac directement aux propriétés, l’élevaient dans leurs chais, puis le commercialisaient. Une tradition qui a posé les bases d’un savoir-faire unique, toujours vivant.
Aujourd’hui, les maisons de négoce bordelaises, il en existe 300, restent au cœur du marché. Elles gèrent environ deux tiers de la commercialisation totale des vins et exportent dans plus de 170 pays, impressionnant non ?
Voyez les négociants comme de véritables piliers de l’export bordelais, ils travaillent main dans la main avec les châteaux, tissant des partenariats solides pour porter les vins de Bordeaux aux quatre coins du monde.

À quoi ça sert
un négociant ?
La mission est double
- Produire leurs propres vins en sélectionnant des vins chez d’autres producteurs partenaires. Une fois assemblés et élevés, ces vins de marque rejoignent toute une gamme de Bordeaux élaborée avec soin pour répondre aux attentes des distributeurs et des consommateurs.
- Sélectionner, promouvoir et vendre des vins de propriété : Châteaux ou Grands Crus, ils sont l’expression d’un territoire et de son viticulteur.
En collaboration avec les châteaux, et souvent en tant que propriétaires de vignobles eux-mêmes, les négociants apportent des connaissances fines des marchés, une expertise technique, et des solutions logistiques.
Et les Primeurs alors ?
Les Primeurs, en deux mots, c’est réserver un vin avant même qu’il soit mis en bouteille. Les châteaux vendent leur millésime en cours d’élevage, ce qui leur permet de financer la production. 18 à 24 mois plus tard, le vin est prêt enfin entre vos mains (ou celles des acheteurs)
En savoir plus : Rendez-vous sur le site de Bordeaux Négoce
Un peu
d’histoire
XXIE siècle
Négociants, chefs d’orchestre d’un marché mondial
Au XXIᵉ siècle, le négoce bordelais joue à l’échelle globale. Les Maisons doivent approvisionner plus de 170 pays, naviguer entre crises, nouveaux modes de consommation, concurrence internationale et exigences environnementales. Elles deviennent de véritables chefs d’orchestre : achat, assemblage, mise en marché, logistique, marketing, digital. Les démarches RSE, l’ancrage territorial, la réduction de l’empreinte environnementale et l’écoute des consommateurs entrent dans la partition. L’enjeu ? Garder le lien entre un vignoble historique et des marchés en mouvement, en faisant du négoce un acteur clé de la transformation comme de la diffusion des vins de Bordeaux.
XXE Siècle
Structurer la filière pour tenir le cap
Au XXᵉ siècle, le commerce ne peut plus reposer seulement sur l’intuition des maisons. Crises économiques, guerres, Prohibition, effondrement des prix : le marché devient plus complexe. Viticulteurs et négociants se regroupent, inventent l’interprofession, participent à la création de l’INAO et s’appuient sur les AOP pour sécuriser l’offre. Classements, nouvelles appellations, montée de la bouteille, arrivée de la grande distribution : le négoce ajuste ses modèles, se spécialise, structure ses gammes. Tout en restant le trait d’union entre un vignoble fragmenté et des marchés de plus en plus mondialisés.
XIXe siècle
Âge d’or, crises et nouveaux repères
Le XIXᵉ siècle ouvre un nouvel âge d’or pour le commerce des vins de Bordeaux : production en hausse, exportations en plein essor, réseaux qui s’étendent vers le nord de l’Europe. Le négoce s’appuie sur la révolution industrielle, sur le rail, sur les nouveaux marchés. En 1855, le Classement demandé par Napoléon III fixe des repères lisibles pour les acheteurs du monde entier. Mais les échanges internationaux importent aussi leurs fléaux : oïdium, phylloxéra, mildiou. Le vignoble souffre, on invente, on s’adapte. Le négoce, lui, doit composer avec des volumes instables et des styles de vins à reconstruire.
XVIIIe siècle
Lumières sur le commerce, Bordeaux 1er port de France
Au XVIIIᵉ siècle, le commerce colonial donne une nouvelle ampleur au négoce bordelais. Les îles d’Amérique alimentent un trafic intense : Bordeaux devient le premier port de France, rythmé par les allers-retours de navires chargés de barriques. Les grands vins fins sont adoptés par les élites européennes, la notion de cru progresse, Thomas Jefferson évoque déjà un classement. Les premières bouteilles bouchées et scellées s’imposent, transformant les modes de transport et de vente. L’architecture des quais, en pierre blonde, raconte cette richesse : le négoce a façonné la ville autant que son vignoble.
XVIIe siècle
L’ère hollandaise, quand le négoce change de tempo
La stabilité revenue, de nouveaux acteurs prennent la main : les Hollandais. Ils ne se contentent pas d’acheter, ils orientent la production. Ils demandent des vins adaptés à la distillation, stimulent les blancs secs et semi-liquoreux, participent à l’essor de certains grands noms. Surtout, ils apportent leur science logistique : barriques désinfectées au soufre, meilleure conservation, transport optimisé. Aux Chartrons, les quais deviennent une immense scène où fûts et navires se croisent en continu. Bordeaux ne vend plus seulement un vin : il maîtrise un système complet de mise en marché.
XVᵉ siècle
Rupture anglaise, naissance d’un quartier négociant
La Guerre de Cent Ans casse net la mécanique : en 1453, la bataille de Castillon rend l’Aquitaine à la France et Bordeaux perd son débouché privilégié vers l’Angleterre. Le commerce se grippe. Sous Louis XI, les flux reprennent peu à peu et les marchands étrangers reviennent. On leur concède un faubourg hors les murs : le quartier des Chartreux, futur Chartrons. C’est là que s’installent maisons de commerce et chais. Le négoce bordelais se territorialise : il a désormais son quartier, son décor, ses codes.
XIIᵉ siècle
Bordeaux, so British : la naissance d’un grand commerce
Avec le mariage d’Aliénor d’Aquitaine et d’Henri II, futur roi d’Angleterre, Bordeaux entre dans un long face-à-face avec le marché anglais. Les privilèges royaux, l’exemption de taxes et le jeu du troc (draps contre vin) installent un véritable “corridor” commercial. Deux fois par an, des flottes entières viennent “monter au vin” avant Noël et Pâques. Le Claret devient une signature, les volumes explosent : Bordeaux affine déjà ce qui fera l’ADN du négoce bordelais — exporter loin, souvent, et en grand.
Ier siècle
L’ère hollandaise, quand le négoce change de temo
Autour de Burdigala, la vigne n’est pas seulement cultivée : elle circule. Grâce à la Pax Romana, les premiers vins de la région voyagent vers d’autres provinces, transportés en amphores sur les voies terrestres et maritimes. On ne parle pas encore de “négoce” au sens moderne, mais les bases sont là : un port, un fleuve, un produit qui plaît et des hommes qui organisent son transport. Quand l’Empire s’effondre, le commerce ralentit, mais les moines préservent la vigne et, avec elle, le potentiel d’un futur marché.




